Phénix, l'oiseau de feu
(Après plusieurs mois d'absence, quoi de mieux que de revenir avec un article sur Phénix, l'oiseau de feu?)
Japon, 1980
De Taku Sugiyama
Scénario : Osamu Tezuka, Taku Sugiyama
Musique : Yasuo Higuchi
Durée : 2h01
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Phénix, l'oiseau de feu, est l'adaptation animée du manga du même nom d'Osamu Tezuka (composé de 11 volumes, sortis en France aux éditons Tonkam). A noter que ce manga est l'oeuvre dont le mangaka fut le plus fière car la considérant comme auto-biographique. Il a commencé à dessiner la série à partir de 1956 et le dernier tome sortit en 1989, l'année de sa mort. Contrairement à la version papier, le film se déroule uniquement dans une époque future.
Le monde est au bord du chaos, l'écosystème est complètement déréglé. Godo est sélectionné dès sa naissance pour devenir pilote, élevé dans une salle de laboratoire et coupé du monde extérieur, il n'a pour seul contact une femme robot : Olga. Le jour arrive où, devenu jeune adulte, il intègre l'académie des pilotes. Il y découvre à la fois la cruauté des êtres humains et l'amour. Malheureusement celle dont il est amoureux, Rena, se trouve être la fiancé du directeur de l'académie, Rock. Ce dernier se révèle être le frère "in-vitro" de Godo, mais lui fut sélectionné pour devenir politicien. Le jeune homme se voit donc être envoyé en camp de travail où les conditions sont extrêmement rudes et dont le gardien est un certain Black Jack (personnage principal du manga du même nom de Tezuka). Avec l'aide d'un vieux condamné le Dr Saruta , et d' Olga, il arrive à s'évader à bord d'un vaisseau spatial. Son but est dorénavant de capturer un mystérieux oiseau de feu, nommé 2772 et qui n'est autre qu'un Phénix dont le pouvoir d'immortalité peut ramener à la vie la Terre qui se meurt...
Phénix, l'oiseau de feu, fut à l'époque le long métrage le plus cher de l'animation japonaise et mit en péril la société de Tezuka.Il n'en reste pas moins un chef d'oeuvre qui malgré les années continue à en faire rêver plus d'un, moi la première. J'avoue avoir eu peur d'être déçue étant donné que le film a une trentaine d'années mais il n'en fut rien, du début à la fin on reste captivé par l'histoire et cette musique qui nous transporte.
La première chose qui m'est venue en tête dès les toutes premières secondes du film c'est cette ressemble avec 2001 l'odyssée de l'espace de Kubrick. Le vol du phénix sur un fond aux couleurs psychédélique fait vraiment penser à la séquence où Dave traverse l'espace dans un environnement totalement irréel. Mais la ressemblance ne s'arrête pas là, car dans Phénix, l'oiseau de feu, la musique symphonique a elle aussi une place très importante et c'est ainsi que les premières minutes du film ne comportent aucun dialogue pendant que l'on voit évoluer/grandir Godo dans une pièce de laboratoire futuriste. De plus les deux personnages de ces deux films ont une fin similaire. D'ailleurs pour anecdote, vers la fin des années 60, Tezuka refuse une invitation de Kubrick à venir en Angleterre afin de travailler sur les décors de 2001 l'Odyssée de l'espace, ne voulant subir l'habituelle tyrannie du cinéaste. Ce dernier avait remarqué son travail en ayant visionné la série Astro Boy et lui avait commandé des centaines de croquis.
Outre cette référence, on pourrait aussi rapprocher Phénix l'oiseau de feu à Fantasia de Disney, le réalisateur japonais n'ayant jamais caché son admiration pour les créations de ce dernier. Le film s'ouvre une sur une longue séquence musicale et plusieurs séquences dans ce genre reviennent ponctuer l'histoire, devenant une forme de langage, accompagnant les personnages dans leurs actions.
Parmi les thèmes abordés, on trouve celui de l'amour, du courage, mais aussi de la place de l'Homme dans l'univers, la corruption, l'industrialisation et de ses effets sur l'écosystème ainsi que sur les Hommes qui se retrouvent condamnés à agir comme des automates. L'Etre humain détruit tout, la planète court à sa perte. Le salut de l'Humanité repose sur une créature mystique, le Phénix, qui se trouve au-delà de toute conception du Bien ou du Mal et qui par sa nature d'immortel propose une réflexion philosophique sur le cycle de la vie et de la mort, comme le démontre la dernière partie du film.
En bonus, sur le dvd, on trouve une interview de Matsutani (Président de Tezuka Production ) et de Rintaro (célèbre réalisateur entre autre d' Astro Boy, Albator 78, Galaxy express 999, Metropolis...). Tous les deux parlent de leur collaboration avec Osamu Tezuka et de son travail. Les deux autres bonus intéressants étant une conférence qu'a donné Rintaro en 2003 qui explique entre autre les particularités de l'animation "japonaise" et une galerie photos commentée, apportant des détails sur la conception du film.